À peine rentré de Washington, le Président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema s’est rendu à Malabo, samedi, pour prendre part à la 7ᵉ Réunion de coordination entre l’Union Africaine (UA) et les Communautés Économiques Régionales (CER). L’occasion pour Libreville de réaffirmer son retour dans le jeu continental.
Un Président sur tous les fronts. De la Maison Blanche à la capitale équato-guinéenne, Brice Clotaire Oligui Nguema continue d’imprimer sa marque sur la scène diplomatique continentale. À Malabo, le chef de l’État gabonais a activement participé dimanche aux travaux de la 7ᵉ Réunion de coordination entre l’Union Africaine, les CER et les mécanismes régionaux, dans un contexte de transitions politiques, de chocs économiques et de pressions géopolitiques accrues sur le continent.
Cette réunion stratégique, qui fait suite à la 47ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, a permis aux Chefs d’État et de gouvernement, ainsi qu’aux ministres des Affaires étrangères, de faire le point sur l’avancée des grands chantiers d’intégration et de gouvernance africaine. Au cœur des discussions : l’Agenda 2063, la ZLECAF, la libre circulation des personnes, mais aussi un thème inédit, aux résonances historiques puissantes : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations ».
Un retour africain assumé
Intervenant au nom du Gabon, réintégré dans le giron de l’Union Africaine depuis le 30 avril dernier, Brice Clotaire Oligui Nguema a d’abord exprimé la reconnaissance de son pays aux membres de l’UA pour leur soutien durant la période de transition. « Cette solidarité africaine a renforcé notre engagement envers les idéaux de notre Union. Le Gabon est de retour, plus résolu que jamais à jouer son rôle dans la construction du continent », a-t-il déclaré, dans une salle attentive.
Le calendrier électoral, clé du retour à l’ordre constitutionnel, a été officiellement confirmé : les élections législatives et locales gabonaises se tiendront le 27 septembre 2025.
Une diplomatie pragmatique et intégrée
Sur les défis de gouvernance, le Président gabonais a plaidé pour une meilleure articulation entre les organes continentaux et les communautés régionales, dénonçant parfois un chevauchement des prérogatives qui nuit à l’efficacité de l’action africaine. À ses yeux, la réforme de l’Union Africaine ne peut se faire qu’en renforçant la lisibilité des institutions et leur proximité avec les réalités locales.
Il a également insisté sur des projets tangibles pour accélérer l’intégration : interconnexion énergétique, sécurité alimentaire, mobilité humaine, adaptation climatique et renforcement de la ZLECAF. Pour Oligui Nguema, ces leviers doivent devenir les moteurs d’une « transformation concrète du quotidien des Africains ».
La justice réparatrice, levier de dignité
Mais c’est sur le thème des réparations que l’intervention du Président gabonais a sans doute le plus marqué les esprits. Reprenant à son compte les aspirations exprimées par de nombreux États, il a salué les initiatives en cours pour la mise en place d’un mécanisme panafricain de coordination sur les réparations, tout en appelant à la création d’un Fonds continental pour la justice réparatrice.
« Reconnaître les injustices historiques, restaurer la dignité, promouvoir l’égalité, réparer les fractures : voilà ce que le thème de cette réunion nous impose », a-t-il martelé, en référence à l’héritage de l’esclavage, de la colonisation, mais aussi des rapports de domination toujours à l’œuvre dans certaines relations internationales.
Une Afrique fière, debout et visionnaire
Accueilli avec chaleur par son homologue équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le Président gabonais a conclu son intervention en formulant un vœu : que Libreville accueille la 9ᵉ Réunion de coordination de l’Union Africaine en 2027. Une manière pour le Gabon de sceller son retour sur la scène panafricaine et d’asseoir un leadership fait d’écoute, de méthode et de volonté politique.
Avec cette nouvelle prise de parole, Oligui Nguema s’installe un peu plus comme l’un des visages de la nouvelle diplomatie africaine : fière, lucide, et déterminée à faire de l’intégration continentale une réalité concrète au service des peuples.
Discussion about this post