Soutenue par la Banque africaine de développement (BAD), l’initiative gabonaise de bitumer l’axe Ndendé-Doussala incarne une volonté stratégique : connecter plus étroitement les économies de l’Afrique centrale, tout en redynamisant les territoires frontaliers. Huit mois après son lancement par le Président Oligui Nguema, le chantier affiche des avancées notables.
Il y a huit mois, le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, lançait, dans le sud du pays, l’un des projets phares de son agenda d’intégration régionale : le bitumage complet de la route Ndendé-Doussala, longue de 48 kilomètres, en direction du Congo-Brazzaville. Ce vendredi 11 juillet, c’est le ministre des Travaux publics et de la Construction, Edgard Moukoumbi, qui s’est rendu sur le chantier pour constater l’état d’avancement des travaux.
Et pour cause : ce tronçon transfrontalier, intégré à l’axe de la Transafricaine (qui ambitionne de relier Alger au Cap), n’est pas seulement un projet routier. Il est la promesse d’un basculement stratégique dans les relations économiques entre les deux voisins, Gabon et Congo, et plus largement, entre les pays d’Afrique centrale.
Une infrastructure stratégique et multidimensionnelle
Le projet, financé en partie par la Banque africaine de développement, est exécuté par la société chinoise Sinohydro. Il comprend une chaussée bitumée en 1×2 voies, un pont sur la rivière Ngongo (à la frontière avec le Congo), une station de pesage, ainsi que des infrastructures sociales à fort impact : un dispensaire et une école.
Autrement dit, l’État gabonais ne se contente pas de construire une route : il structure un couloir de développement humain et logistique, destiné à désenclaver une région longtemps oubliée par les investissements.
« Ce n’est pas juste un axe routier. C’est une porte ouverte sur le marché régional, un catalyseur pour l’emploi local, et un levier pour la transformation de nos économies par la logistique », explique un haut cadre du ministère des Travaux publics.
Main-d’œuvre locale et souveraineté économique
Conscient de l’enjeu social d’un tel chantier, le ministre Edgard Moukoumbi a profité de sa visite pour exiger de l’entreprise adjudicataire le respect scrupuleux des quotas de main-d’œuvre nationale. « Il est impératif que les jeunes Gabonais soient pleinement intégrés à ce projet. Il ne s’agit pas seulement de construire avec eux, mais aussi de leur transmettre les compétences », a martelé le ministre lors d’une réunion de recadrage tenue sur place.
Cette injonction au recrutement local illustre une inflexion nouvelle dans la politique des grands travaux : allier ambition infrastructurelle et exigence sociale. À l’heure où les économies africaines aspirent à plus de souveraineté, la stratégie du gouvernement gabonais repose sur un triptyque : investir, insérer, et transférer.
Un projet au service de la ZLECAf
À l’échelle continentale, cette route s’inscrit pleinement dans les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). En réduisant les coûts logistiques et les délais de transport, elle renforce la fluidité des échanges entre les bassins économiques du nord et du sud, et contribue à l’émergence d’un marché intra-africain plus intégré.
Avec la poursuite de ce chantier d’une durée prévue de deux ans, Libreville affiche clairement ses ambitions : ne plus être un simple exportateur de matières premières, mais un acteur logistique incontournable dans le futur corridor africain du commerce sud-sud.
Discussion about this post