Ce samedi 12 avril, près de 850 000 électeurs gabonais sont attendus aux urnes pour une présidentielle historique, censée sceller le retour à l’ordre constitutionnel, un an et demi après le renversement du régime Bongo par le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Président de la Transition depuis le 30 août 2023, il brigue aujourd’hui une légitimité populaire, fort de son bilan de 19 mois à la tête de l’État.
Une candidature hégémonique
Brice Oligui Nguema, devenu entre-temps homme d’État respecté, a su transformer son mouvement, le Rassemblement des bâtisseurs, en une large coalition nationale, regroupant syndicats, partis politiques, associations de la société civile et personnalités influentes du pays. Sur le terrain, sa présence constante, ses projets d’infrastructures ambitieux, sa gestion budgétaire saluée, ainsi que sa communication maîtrisée, ont contribué à une popularité grandissante.
Selon le politologue Bergès Mietté, l’ancien commandant de la Garde républicaine est parvenu à « fédérer la quasi-totalité des forces vives du pays », créant autour de lui une dynamique électorale sans précédent depuis des décennies.
Une opposition divisée, mais pas invisible
En face, sept autres candidats défient Oligui Nguema, mais peinent à émerger. Parmi eux, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo, joue sa carte comme « candidat de rupture », tentant de se positionner en alternative crédible à l’ancien putschiste. S’il bénéficie d’un certain écho dans les milieux urbains, notamment à Libreville, son discours peine à convaincre dans l’arrière-pays, où le culte du « bâtisseur » a pris racine.
Un scrutin à sens unique ?
À en croire les derniers sondages, dont celui d’Africa 24 – Africametrics/Opinionway, Brice Oligui Nguema pourrait l’emporter dès le premier tour avec 80 % des voix, laissant ses adversaires à distance. Cela laisse présager un scrutin sans véritable suspense, mais non sans enjeu.
Un tournant démocratique à surveiller
Au-delà du résultat, cette élection constitue un moment-charnière pour le Gabon. Elle doit marquer la fin d’une transition militaire et l’ouverture d’un nouveau chapitre démocratique, dont Oligui Nguema espère être l’architecte légitime. La communauté internationale, tout comme les Gabonais, observera la transparence, la participation et la sérénité du processus électoral, dans un contexte encore fragile.
Le scrutin est-il joué d’avance ? Sur le plan des intentions de vote, sans doute. Mais sur le plan institutionnel, symbolique et démocratique, le 12 avril sera surtout un test de maturité politique pour le Gabon tout entier.
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