Ce qui se joue actuellement à Libreville dépasse le seul cadre des démolitions de maisons. C’est une révolution urbaine qui s’amorce. Une tentative assumée de refonder la capitale du Gabon selon des principes modernes, durables et inclusifs. Loin d’être de simples “casses”, les opérations en cours s’inscrivent dans une vision plus vaste : celle d’un nouvel urbanisme au service du bien-être collectif et de la dignité nationale.
Libreville, comme bien d’autres capitales africaines, a connu une croissance urbaine anarchique. Spontanée. Subie. Des quartiers ont surgi sans planification, sans voiries, sans réseau d’assainissement, souvent en bordure de marécages ou sur des zones réservées à des projets d’intérêt public. Résultat : la ville étouffe, les infrastructures saturent, les inégalités territoriales s’aggravent, et les projets structurants piétinent.
Le projet de boulevard de la Transition, l’échangeur du Camp de Gaulle, les nouveaux aménagements envisagés dans la perspective de Libreville 2030, nécessitent de libérer l’espace. Il ne s’agit pas de raser pour le plaisir, mais de créer une ville plus fluide, plus verte, plus humaine. L’État n’a pas vocation à nourrir le désordre. Il a la responsabilité de penser l’avenir urbain du pays — avec cohérence, justice et ambition.
Les populations affectées doivent évidemment être accompagnées. L’expérience montre que la réussite de ce type d’opération repose sur la transparence des procédures, le dialogue avec les riverains et la mise en place de politiques d’aménagement inclusives. C’est dans cet esprit que le ministère des Travaux publics et la Présidence de la République doivent s’inscrire : poser les bases d’une urbanisation maîtrisée et respectueuse des droits fondamentaux, mais sans faillir devant les logiques de contournement.
Libreville a besoin d’avenues dignes de ce nom, de transports collectifs efficaces, d’espaces verts, de logements planifiés et sécurisés. Pour cela, l’espace urbain doit être repensé, libéré, ordonné. Et cela implique parfois, avec regret mais avec détermination, de dire adieu à des implantations illégales, issues d’une époque révolue.
En somme, ces démolitions ne sont pas des fins en soi, mais les prémices d’un renouveau urbain que le Président Oligui Nguema veut inscrire dans le marbre de la Vᵉ République : un Gabon moderne, organisé, capable de conjuguer développement et dignité urbaine.
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