Alors que les travaux de réaménagement du quartier Plaine Orety suscitent débats et incompréhensions, il convient de rappeler que cette opération s’inscrit dans une vision stratégique initiée il y a 14 ans, bien avant l’arrivée des autorités de transition.
Tout commence en avril 2011, lorsqu’un acte majeur de planification urbaine est pris par le gouvernement gabonais de l’époque : le décret n°0662/PR/MHUEDD du 21 avril 2011. Ce texte, signé par le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme, de l’Écologie et du Développement durable, déclare d’utilité publique la zone dite « Boulevard Triomphal Omar Bongo Ondimba », en particulier les sections PE et RD, englobant une partie du secteur aujourd’hui concerné par les démolitions.
Une vision longuement mûrie : bâtir une capitale moderne
Ce décret de 2011 n’était pas anodin. Il portait l’ambition d’ériger une véritable cité administrative au cœur de Libreville, capable de regrouper en un seul lieu les principaux services publics, facilitant ainsi l’accès des usagers à l’administration et améliorant la coordination entre institutions. Il s’agissait d’un choix stratégique, à la fois pour moderniser les infrastructures urbaines et rationaliser la gestion du foncier, jusque-là marquée par l’anarchie et les occupations informelles.
La continuité d’un projet structurant
Pour un expert en gestion foncière gabonais, cette décision de 2011 constitue « un acte fondateur de la modernisation urbaine de Libreville ». En déclarant d’utilité publique ce périmètre, l’État posait les bases d’une transformation en profondeur du tissu urbain. Aujourd’hui, les opérations de déguerpissement menées à Plaine Orety ne sont que la mise en œuvre retardée d’un projet planifié depuis plus d’une décennie, mais qui avait connu de longues périodes d’hibernation, faute de volonté politique ou de moyens.
Une ambition réactivée par la transition
C’est dans ce contexte que les autorités actuelles, sous l’impulsion du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, ont décidé de réactiver ce projet structurant. Le gouvernement affiche clairement sa volonté de construire une capitale à la hauteur des ambitions du Gabon, en mettant fin au désordre foncier et en garantissant un cadre de vie digne et fonctionnel à tous les citoyens.
Entre mémoire institutionnelle et exigence d’avenir
Les tensions observées ces dernières semaines autour des déguerpissements trouvent leur origine dans une méconnaissance de cette mémoire institutionnelle. Le projet n’est ni improvisé, ni arbitraire : il s’agit d’un processus long, encadré juridiquement depuis 2011, et désormais remis en œuvre avec plus de fermeté.
L’État gabonais, en poursuivant ce chantier, fait le pari d’un développement ordonné, capable de redonner à Libreville son statut de capitale moderne, structurée et résiliente. Il revient à chacun – citoyens, responsables publics et acteurs de la société civile – de comprendre que l’intérêt général peut nécessiter des sacrifices à court terme, pour mieux bâtir le bien-être collectif sur le long terme.
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