Reçu à Washington ce 9 juillet 2025 par son homologue américain Donald Trump, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a inscrit son pays dans une nouvelle ère diplomatique et économique. Au menu : exploitation minière, infrastructures, aviation, gouvernance, et la promesse d’un partenariat fondé sur la souveraineté économique et la transparence.
Il n’a pas été question de folklore ni de protocole figé. À la Maison-Blanche, ce 9 juillet 2025, Brice Clotaire Oligui Nguema a été reçu comme un homme d’État déterminé à inscrire son pays dans les priorités stratégiques des États-Unis. Une poignée de main franche, un drapeau gabonais flottant aux côtés de la bannière étoilée, et un discours offensif teinté de pragmatisme ont marqué cette première rencontre bilatérale officielle entre les deux chefs d’État. Et surtout, l’affirmation d’un tournant pour le Gabon.
Redessiner la coopération Gabon–USA
Cette visite présidentielle, la première depuis la fin du régime Bongo, s’inscrit dans un contexte de recomposition des alliances africaines. Le Gabon de la Transition veut désormais choisir ses partenaires selon des critères de complémentarité, de transparence et d’impact direct sur l’économie réelle. Avec les États-Unis, il s’agit d’aller bien au-delà du cadre traditionnel de l’aide ou de la coopération symbolique.
Donald Trump, de retour à la Maison-Blanche depuis janvier, a trouvé en Oligui Nguema un interlocuteur franc, au langage de vérité. « Nous voulons transformer localement nos matières premières. Nous voulons des investisseurs, pas des extracteurs. Nous voulons créer de la valeur, des emplois, et garantir à nos partenaires des retours stables, sécurisés, prévisibles », a déclaré le président gabonais lors d’un point presse à l’issue de l’entretien.
Potasse, aviation et emprunt stratégique
Le sommet aura été l’occasion de concrétiser des chantiers ambitieux. À commencer par l’accord stratégique signé avec la société américaine Millenial Potash, pour l’exploitation du gisement de potasse de Mayumba, un projet à 500 millions de dollars destiné à faire du Gabon un acteur majeur des engrais sur le continent.
Mais ce n’est pas tout. Oligui Nguema a évoqué la finalisation de négociations avec Boeing pour l’acquisition de trois gros porteurs destinés à la compagnie nationale Fly Gabon, qui ambitionne de relier Libreville à Johannesburg, Casablanca, Abidjan ou encore Paris. Autre dossier majeur : la demande d’un prêt préférentiel de 2 à 3 milliards de dollars auprès de l’US DFC et d’EximBank pour soutenir les infrastructures prioritaires – routes, barrages, chemin de fer Belinga–Mayumba, aéroport d’Andem, port en eau profonde.
Une offensive économique qui s’accompagne d’un engagement politique fort. « Nous avons mis fin à la complaisance du régime précédent. Le Gabon est aujourd’hui un État stable, doté d’un cadre juridique fiable. Les appels d’offres sont publics. La gouvernance est en train d’être refondée sur des bases solides », a insisté Oligui Nguema, appelant à « un partenariat gagnant-gagnant, sans opacité ni paternalisme ».
Entre paix et souveraineté
À l’heure où les États-Unis redéfinissent leur présence en Afrique, le président gabonais n’a pas manqué de saluer les efforts diplomatiques de Donald Trump, notamment dans la médiation entre la RDC et le Rwanda. Cette reconnaissance, rare sur la scène continentale, place Libreville en position de partenaire stratégique dans la sécurisation du Golfe de Guinée, autre sujet discuté entre les deux dirigeants.
Le président a également insisté sur le retour souhaité du Peace Corps au Gabon, suspendu depuis 2019, et sur la coopération en matière de sécurité maritime, de lutte contre l’immigration illégale et le commerce illicite sous pavillon gabonais, dénonçant les pratiques opaques de l’ancien régime.
Le Gabon dans le nouveau concert des nations
En quelques heures à peine, le ton de cette visite s’est voulu résolument clair : le Gabon ne quémande pas, il propose. Il ne demande pas d’aide, il tend la main pour bâtir des alliances économiques, techniques et stratégiques sur la base d’une feuille de route lisible : transformation locale, souveraineté économique, création d’emplois, valorisation du capital humain et stabilité politique.
En se positionnant comme un pôle de stabilité et un laboratoire de réformes sur le continent, Oligui Nguema espère attirer à lui un cercle d’alliés puissants. Washington fut une étape, mais elle en annonce d’autres – Pékin, Tokyo, Riyad ou Berlin – où la diplomatie gabonaise compte bien faire valoir son nouveau visage.
Reste à traduire ces engagements en actions concrètes sur le terrain. Car au-delà de la Maison-Blanche et des salles de conférence, c’est à Libreville, Lambaréné ou Bitam que les promesses devront devenir réalité.
Discussion about this post