Alors que les relations entre Libreville et Cotonou traversent un moment de tension après les incidents survenus au marché de Lambaréné, les propos de l’avocat au Barreau de Paris Vivien Patrice Lloyd Amos MAKAGA PEA résonnent comme un appel à la raison dans un climat où passions et incompréhensions pourraient rapidement prendre le dessus.
En réaction au communiqué du ministère béninois des Affaires étrangères, qui annonce le recensement des ressortissants béninois candidats au rapatriement volontaire, Péa a salué « la hauteur de vue et la sagesse » des autorités de Cotonou. Un geste diplomatique qui, selon lui, contraste avec les réactions souvent virulentes ayant émergé sur les réseaux sociaux, où certains influenceurs n’ont pas hésité à alimenter un discours hostile à l’égard des communautés étrangères.
Priorité nationale vs préférence nationale : une distinction fondamentale
Pour Vivien Patrice Lloyd Amos MAKAGA PEA, l’enjeu est clair : défendre la souveraineté économique du Gabon en donnant la priorité à ses citoyens dans l’accès aux opportunités et financements est une politique légitime, relevant de ce qu’il appelle la « priorité nationale ». Cette approche vise à outiller les jeunes et les entrepreneurs gabonais pour renforcer le tissu économique local.
Mais il met en garde contre la « préférence nationale », un glissement dangereux vers une idéologie d’exclusion qui, sous couvert de patriotisme économique, stigmatise les communautés étrangères et alimente la xénophobie. « La première est un levier de développement. La seconde, un poison pour la cohésion sociale », résume-t-il en substance.
Un appel à recadrer le discours public
L’analyste invite les autorités gabonaises à veiller à ce que les mesures récentes de régulation économique ne soient pas instrumentalisées par des courants radicaux. Selon lui, il est impératif de recadrer le discours public pour éviter qu’il ne soit perçu comme une légitimation de la « chasse aux étrangers ».
Le Gabon, rappelle Péa, a une tradition ancienne de terre d’accueil, où les liens matrimoniaux, culturels et économiques entre nationaux et étrangers ont tissé un tissu social unique en Afrique centrale. Fragiliser cet équilibre reviendrait à miner l’un des atouts majeurs du pays : sa stabilité et sa diversité humaine.
Un avertissement qui dépasse le cas béninois
Si le communiqué de Cotonou est une réponse aux incidents récents, Vivien Patrice Lloyd Amos MAKAGA PEA y voit aussi un signal d’alerte pour le Gabon. Les politiques de souveraineté économique doivent s’accompagner de garde-fous clairs : réserver certains métiers aux nationaux, oui, mais dans le respect strict des droits des étrangers légalement installés, et en condamnant toute intimidation ou discrimination.
« Ne l’oublions jamais, nous sommes tous étrangers chez les autres », rappelle-t-il, soulignant que des milliers de Gabonais vivent, étudient ou travaillent à l’étranger, et méritent eux aussi un traitement digne.
Un discours de maturité politique
En saluant la posture mesurée du Bénin et en défendant une approche équilibrée entre protection des intérêts nationaux et respect de l’autre, Vivien Patrice Lloyd Amos MAKAGA PEA s’impose comme l’une des voix lucides dans un débat où les excès verbaux menacent de supplanter la réflexion. Son message : le patriotisme économique ne doit jamais se transformer en chauvinisme aveugle.
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