C’est une première apparition publique remarquée, après plusieurs mois de discrétion. Le 15 septembre 2025, Hervé Patrick Opiangah, président-directeur général de la Société gabonaise de développement agricole (Sogada), a convié médias et partenaires à Meyang, dans la commune de Ntoum, pour présenter les nouvelles unités de production de sa ferme agricole.
Fruit d’un investissement colossal de plus de 16 milliards de FCFA sur fonds propres, la Sogada s’impose désormais comme une structure inédite en Afrique centrale. Sur ses 162 hectares, dont 25 déjà bâtis, trois nouvelles unités de production alliant artisanat et ultramodernisme ont été inaugurées. La vedette du jour : une unité de transformation de chips, financée à hauteur de 800 millions de FCFA, prête à entrer en activité dès obtention des autorisations de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa).
Chips « Made in Gabon », une première
À travers cette nouvelle ligne, le Gabon s’apprête à voir naître ses premiers paquets de chips industrielles à base de banane plantain, taro, patate douce et pomme de terre. Une diversification qui, selon le promoteur, répond autant à une logique de valorisation des productions locales qu’à un besoin d’innovation agroalimentaire. « Beaucoup de nos mamans perdent de la banane faute de débouchés. Nous avons intégré ce paramètre et savons exactement à qui nous adresser pour garantir l’approvisionnement », a expliqué Hervé Patrick Opiangah. L’usine, qui démarre avec 45 à 50 employés, vise une capacité de 7 000 paquets de chips par jour.
Réduire la dépendance aux importations
Cette diversification intervient dans un contexte où les autorités gabonaises ont fixé un objectif ambitieux : mettre fin à l’importation des poulets de chair d’ici janvier 2027. Sogada, qui œuvre depuis 2013 dans l’élevage artisanal et industriel, apparaît comme un partenaire naturel de cette politique. L’entreprise aligne déjà dix poulaillers artisanaux (25 000 à 30 000 sujets chacun) et deux bâtiments industriels (120 000 oiseaux), avec une ambition de passer de 85 000 à 150 000 sujets d’ici 2026.
Mais l’un des plus grands défis reste le coût de l’alimentation animale, représentant 75 % du chiffre d’affaires brut. Pour y répondre, Sogada prépare un projet de culture locale de maïs et de soja sur 5 000 hectares, appelé à générer 1 000 emplois directs et 600 indirects, et surtout à réduire la dépendance aux importations de matières premières.
Qualité, biosécurité et transfert de technologie
Au-delà des volumes, Sogada mise sur un modèle fondé sur la rigueur et la biosécurité. L’entreprise a mis en place un protocole strict incluant SAS de désinfection et changement systématique de tenues, ce qui lui a permis de limiter drastiquement les pertes animales. « Le secret, c’est d’abord les hommes », insiste Opiangah, pour qui la réussite repose sur l’engagement du personnel formé aux standards internationaux.
La ferme de Meyang illustre également un transfert technologique réussi. Inspirée de modèles sud-africains et européens, la Sogada a su former ses propres équipes, au point que 95 % de la production actuelle est estampillée « Made in Gabon 100 % ».
Une vision de vie, un projet national
Pour Hervé Patrick Opiangah, la Sogada dépasse le simple projet économique. « C’est une vision de vie, un projet de vie », affirme-t-il, en soulignant la dimension humaine et nationale de son initiative. En s’imposant comme un acteur de la souveraineté alimentaire, l’entreprise ambitionne de contribuer à l’autonomie du Gabon d’ici 2027, tout en générant de la valeur et de l’emploi local.
Avec ses poulaillers ultramodernes, ses usines de conditionnement d’œufs et sa nouvelle unité de chips, Sogada incarne l’espoir d’un Gabon capable de nourrir sa population avec fierté, de limiter ses importations et de valoriser le savoir-faire national.
À Meyang, entre tradition agricole et technologies de pointe, se dessine ainsi un modèle d’intégration agro-industrielle que beaucoup considèrent déjà comme une vitrine du Gabon de demain.































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