
La consultation référendaire du 16 novembre dernier au Gabon a révélé un taux d’abstention significatif. Si certains tentent d’en attribuer la responsabilité aux autorités de la Transition, une analyse plus approfondie démontre que cet état de fait découle directement des pratiques établies par l’ancien régime et là, c’est un euphémisme.
En effet, pendant des décennies, le processus électoral au Gabon a été marqué par des dysfonctionnements structurels, notamment un fichier électoral obsolète, jamais véritablement nettoyé, et des pratiques douteuses facilitant la manipulation des scrutins. L’un des exemples les plus frappants était l’inclusion persistante de personnes décédées dans les listes électorales, ouvrant la voie à des votes massifs et frauduleux. À cela s’ajoutait une stratégie bien rodée de l’ancien régime : le transport massif des électeurs, financé par des ressources publiques ou privées pour assurer une mobilisation Cette pratique était devenue une norme aussi bien pour le processus d’enrôlement que pour le vote.
Sauf qu’avec la chute de l’ancien système, ces mécanismes ont été en grande partie démantelés. Les anciens responsables, désormais dépourvus de leurs moyens financiers et logistiques, n’ont pas pu reproduire les pratiques qui garantissaient jadis une participation élevée, bien que biaisée. En conséquence, l’abstention constatée lors du référendum ne reflète pas un désengagement des citoyens envers les autorités de la Transition, mais plutôt l’incapacité des anciens réseaux à influencer artificiellement les résultats.
Ce constat tort très clairement le cou à l’argumentaire de certains acteurs politiques qui ont fait campagne pour « NON », comme Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui a eu la maladresse de faire de l’abstention une prétendue victoire du camp du NON. Cette lecture simpliste ne tient pas compte des réalités profondes qui ont marqué les scrutins passés et des efforts en cours pour restaurer une véritable transparence électorale.
Les autorités de la Transition, loin d’être responsables de cette situation, peuvent au contraire se féliciter d’avoir permis une expression plus authentique du corps électoral, débarrassée des pratiques d’un autre temps. Il revient désormais à elles de poursuivre le travail de réforme, notamment en s’attelant à la refonte complète du fichier électoral et à la promotion d’une culture politique fondée sur l’intégrité et la responsabilité citoyenne.
Ainsi, l’abstention ne doit pas être vue comme un échec, mais comme une transition vers un système électoral plus juste et crédible, où la participation sera le fruit d’un engagement sincère et non d’une manipulation organisée.





























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