Après deux ans de transition, les militaires au pouvoir continuent de bénéficier d’un large soutien populaire. Toutefois, à l’approche des élections du 12 avril, la question de la sortie de cette période exceptionnelle devient un impératif. Si la transition a permis de restaurer une certaine stabilité et de poser les bases d’un renouveau économique, il est désormais vital de renouer avec un ordre constitutionnel pour assurer la pérennité du développement enclenché.
Une transition dynamique, mais contrainte par le temps
Depuis le Coup de la Libération du 30 août 2023, le Gabon a connu de profondes mutations. Le respect du calendrier de transition, le lancement de chantiers d’infrastructures, l’ouverture de près de 10 000 postes dans la fonction publique ou encore la réforme du cadre institutionnel ont marqué les deux dernières années. Le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, SEM Général de Brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema se distingue comme l’un des rares putschistes du continent à avoir non seulement fixé une date pour les élections, mais aussi avancé celle-ci, tout en ayant une gestion inclusive.
Dans ce contexte, la transition en cours au Gabon semble avoir suivi un rythme soutenu, avec une implication directe des autorités dans le processus législatif. « Il faut voir comment sont votées les lois. Ils demandent aux deux chambres d’amender et d’adopter les textes en seulement dix jours », critique Franck Djimbi, sénateur de la transition, qui estime que cette accélération ne garantit pas nécessairement une amélioration démocratique.
Sur la scène internationale, le Gabon bénéficie d’un regard bienveillant de certains partenaires, mais l’urgence de rétablir un ordre constitutionnel devient un impératif pour sécuriser les engagements économiques et diplomatiques à long terme.
Des défis économiques qui imposent un retour rapide à l’ordre constitutionnel
Si la transition a permis de corriger certaines injustices, comme le paiement des rappels de salaires des fonctionnaires ou la nationalisation d’entreprises stratégiques, elle n’a pas suffi à rassurer totalement les marchés financiers. En témoigne l’abaissement de la note du Gabon par Fitch Ratings, passée de CCC+ à CCC entre le 24 et le 27 janvier 2025.
Les institutions financières internationales, qui ont pourtant contribué à l’endettement du Gabon sous l’ancien régime sans exiger de garanties quant à l’usage des fonds, mettent aujourd’hui la pression sur le pays. La Banque mondiale a suspendu ses décaissements en raison d’arriérés de paiement, une situation aggravée par l’arrivée des échéances d’euro-obligations en 2025 et la baisse attendue du prix du pétrole, secteur qui représente encore 70 % des revenus du pays.
Bien que l’État ait procédé à des paiements auprès de l’AFD et de la BAD, le fardeau de la dette demeure préoccupant. Mais dans un contexte où les priorités immédiates restent l’élection présidentielle et le bien-être des Gabonais, le remboursement de la dette passera nécessairement au second plan.
Sortir de la transition : une nécessité absolue
Si les avancées de la transition sont notables, son maintien prolongé représente un risque pour la stabilité économique et politique du pays. Le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas une option, mais un impératif. Sans institutions légitimes, le Gabon ne pourra pleinement réintégrer les circuits financiers internationaux, sécuriser les investissements et accélérer le développement amorcé.
Chaque jour passé en transition est un jour où le pays manque de marge de manœuvre, où les décisions restent suspendues à une situation d’exception. Plus vite le Gabon tournera cette page, mieux, il se portera. L’élection du 12 avril ne doit donc pas être un simple rendez-vous électoral, mais l’aboutissement d’un processus qui remettra le pays sur les rails de la normalité institutionnelle, seule garante d’un avenir prospère et durable.
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