La période de transition politique ouverte au Gabon depuis août 2023 a permis d’engager une reconfiguration sans précédent du paysage médiatique national. Elle favorise un environnement où les débats directs dans les espaces publics (marchés, bars) se multiplient, encourageant une forme de pluralisme et de participation citoyenne. Cependant, les défis liés à la désinformation et plus spécifiquement à cette forme d’anarchie informationnel dominent les analyses. Cette phase charnière révèle également des dynamiques positives ouvrant la voie à une refondation du quatrième pouvoir, tel que affirmé par le général Brice Clotaire Oligui Nguema : « La presse est le quatrième pouvoir ; faites votre travail ».
L’émergence de nouvelles plateformes officielles de communication, la prise de conscience collective sur les enjeux de déontologie journalistique et l’expérimentation de modèles innovants de régulation dessinent les contours d’un écosystème médiatique plus résilient.
Pour faire face à la montée de la désinformation en cette période de transition, le Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI) lançait, à travers le communiqué 040, la création de canaux officiels de diffusion de l’information, marquant ainsi un tournant dans la relation entre pouvoir et médias. Ce mécanisme de clarification permanente a permis de réduire l’espace propice aux rumeurs, sous l’impulsion régulatrice du CTRI.
La réhabilitation du rôle social des médias traditionnels
Sous un autre angle, cette période de transition a permis de contribuer à une certaine réhabilitation du rôle social des médias traditionnels. Les audiences radiophoniques ont progressé depuis août 2023, selon les analyses de la Haute Autorité de la Communication (HAC). Une progression qui peut s’expliquer par une libéralisation progressive de la parole publique, mais aussi par l’adaptation des grilles de programmes aux enjeux transitionnels, avec des émissions-débats impliquant experts nationaux et internationaux sur des sujets constitutionnels. Enfin, les autorités transitionnelles, à l’image de Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, ont souligné que les médias doivent consolider la transition en jouant un rôle critique. Cette vision contraste avec l’ère précédente, où les médias publics étaient souvent réduits à des relais de propagande.
La revalorisation du secteur médiatique
La période de transition politique au Gabon, initiée en août 2023, a été marquée par plusieurs réformes visant à restructurer les institutions et à renforcer la démocratie. Parmi ces réformes, on note la revalorisation de l’aide à la presse, passée de 120 millions à 500 millions de FCFA, constitue une avancée significative. Cette augmentation reflète une volonté politique de soutenir le secteur médiatique, souvent fragilisé par des ressources limitées et une dépendance aux subventions publiques.
En soutenant financièrement les médias locaux, les autorités actuelles entendent réduire l’influence des réseaux sociaux et des acteurs non vérifiés, souvent sources de fake news. Une presse bien financée est mieux armée pour produire des informations vérifiées et de qualité.
Enfin, l’attribution de 500 postes budgétaires à l’endroit des professionnels des médias s’inscrit dans une volonté de renforcer le secteur médiatique souvent confronté à la précarité des journalistes, au manque de ressources, à la dépendance aux subventions publiques et aux pressions politiques. Cette mesure est à saluer et contribuera à améliorer les conditions de vie et de travail des professionnels du secteur médiatique gabonais en leur offrant une stabilité financière et professionnelle.
La vision de Brice Clotaire Oligui pour le secteur médiatique gabonais devra offrir une fenêtre d’opportunité historique pour repenser le rôle des médias comme pilier de la reconstruction d’une nation plus démocratique.
La réussite de ce chantier nécessitera d’instaurer un cadre législatif adapté aux nouveaux défis, matérialisé par une réforme du code la Communication, par le renforcement des capacités des acteurs du secteur médiatique et par des investissements structurants. Il s’agira de consolider cette vision en faisant des médias un véritable pilier de la démocratie gabonaise, capable d’informer, de critiquer et de mobiliser les citoyens dans un esprit de transparence et de responsabilité.
Boursier TCHIBINDA,
Journaliste et Communicant
Analyste médias
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