Sur le plateau spécial de Gabon 1ère consacré aux opérations de déguerpissement en cours à Plaine-Orety et Derrière l’Assemblée nationale, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre, Ludovic Megne Ndong, est longuement revenu sur l’origine du projet, les procédures suivies par l’État et la situation actuelle des populations impactées.
Une zone d’intérêt public depuis plusieurs décennies
« Depuis plusieurs décennies, l’État a identifié la vallée Sainte-Marie, notamment le quartier Plaine-Orety, comme zone d’intérêt public devant abriter des projets structurants », a rappelé le ministre. Cette ambition a déjà permis l’implantation de symboles forts de la République, tels que le Palais Léon Mba, siège de l’Assemblée nationale, ou encore la Maison Georges Rawiri.
Dès 2018, d’autres projets, notamment diplomatiques, étaient prévus dans la zone située derrière l’Assemblée nationale, à proximité de l’ambassade de Russie.
Des procédures engagées depuis plusieurs années
Selon Ludovic Megne Ndong, l’État n’a pas agi dans la précipitation. Des procédures foncières ont été initiées de longue date : recensements, évaluations, indemnisations et relogements ont déjà concerné plusieurs familles.
« Deux titres fonciers ont été créés, l’un pour la République gabonaise et l’autre pour la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) », a précisé le ministre.
Il a également rappelé que dès 1991, des relogements avaient eu lieu à Alenakiri, dans la commune d’Owendo.
Un phénomène de « squatterisation » dénoncé
Malgré ces mesures, la situation s’est dégradée au fil des ans. Certaines personnes indemnisées ont refusé de partir, d’autres ont agrandi leurs maisons ou vendu des terrains litigieux à des tiers non informés de la situation. Résultat : une occupation anarchique s’est développée, que le ministre a qualifiée de « squatterisation ».
Légalement encadrée, l’opération est accélérée sous la Transition
Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement de transition a décidé d’accélérer la mise en œuvre du projet de Cité administrative et du Boulevard de la Transition.
Un décret déclarant la zone d’utilité publique a été validé en Conseil interministériel en janvier 2024, puis adopté et promulgué en février 2024. Ce texte permet, conformément à l’article 26 de la loi du 10 mai 1961, d’engager des expropriations dans un délai d’un mois.
« Le déguerpissement immédiat des occupants sans titre pourra être exécuté dès la publication de ce décret », a insisté le ministre.
Par ailleurs, des procédures judiciaires ont été engagées auprès du tribunal de première instance de Libreville pour obtenir les jugements d’expulsion et de démolition. Des assignations individuelles ont été transmises par voie d’huissier entre juin et octobre 2024.
Une fermeté encadrée par la loi, une attention pour les cas sensibles
Pour Ludovic Megne Ndong, l’État agit en conformité avec les lois en vigueur, tout en restant attentif à l’aspect humain de la situation.
« Le gouvernement tient à réaffirmer avoir suivi les procédures en vigueur », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que « la situation humaine sur le terrain reste préoccupante ».
Il a conclu en assurant que des mesures d’accompagnement ciblé seront prises pour les cas les plus sensibles, dans un esprit de responsabilité et de justice sociale.
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