L’initiative de restructuration partielle de la dette intérieure entreprise récemment par le Gabon ne constitue pas, selon l’agence Fitch Ratings, une opération de défaut sur la dette souveraine, voici qui a le mérite d’être clair. L’agence de notation, tout en maintenant la note du pays à « CCC », souligne toutefois que le Gabon continue de faire face à de fortes pressions en matière de liquidités, aussi bien en devises qu’en monnaie nationale.
Annoncé le 28 avril, l’échange volontaire d’obligations et de bons du Trésor sur le marché sous-régional n’a pas été considéré comme un défaut technique. Fitch estime que l’opération, bien qu’impliquant un allongement des maturités, ne remplit pas l’ensemble des critères caractérisant un défaut de paiement, notamment celui visant à éviter une incapacité imminente à honorer les engagements financiers.
D’un point de vue technique, l’échange a permis d’atténuer le profil de remboursement à court terme du pays : environ 1,4 % du PIB de paiements reportés en 2025 et 0,8 % en 2026. Le gouvernement a réussi à rallonger la durée de vie moyenne de sa dette domestique, en transformant notamment une large partie de ses bons à court terme en titres à plus long terme. Les banques participantes ont été motivées, entre autres, par un traitement prudentiel favorable accordé aux nouvelles obligations, jugées plus sûres grâce à des garanties adossées aux ressources de l’État.
Ce réaménagement intervient dans un contexte régional marqué par des tensions sur le marché de la dette, affectant l’accès au financement. Malgré cela, Libreville est parvenu à lever, en 2024, l’équivalent de 4,1 % du PIB sur le marché local. En mars, la dette intérieure du Gabon a ainsi augmenté de 7 % du PIB, en raison particulièrement de la mobilisation de nouveaux financements et de la transformation de créances bancaires existantes.
Dans le cadre de cette opération de refinancement, 592 milliards de FCFA — soit 5,4 % du PIB — ont été restructurés, représentant un tiers de l’encours de dette sur le marché régional. Le Gabon a également levé 3,1 % de son PIB sous forme de nouveaux financements, dont une large part via des prêts amortissables à taux élevé (jusqu’à 65 %) sur six ans.
Du côté des devises, la situation dans la zone CEMAC s’est quelque peu améliorée, soutenue par des interventions de la BEAC. La tenue du scrutin présidentiel du 12 avril et des signaux plus clairs en matière de politique budgétaire ont aussi contribué à restaurer, en partie, la confiance des investisseurs.
Sur les marchés internationaux, le Gabon a émis en février une dette extérieure équivalant à 5,2 % du PIB, destinée au rachat de son euro-obligation arrivant à échéance cette année. Cette opération, bien qu’efficace, s’est effectuée à un coût élevé : 12,7 % de rendement, un record pour une émission africaine.
En dépit de ces efforts, la note « CCC » attribuée par Fitch reflète la persistance de vulnérabilités majeures : un accès au financement encore coûteux, une dépendance forte aux ressources naturelles et un environnement macroéconomique toujours fragile.
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