À trois mois d’une présidentielle sous haute tension, le président Alassane Ouattara a finalement levé le voile sur ses intentions. Ce mardi 29 juillet, à l’occasion d’une allocution solennelle retransmise à la télévision nationale, le chef de l’État a confirmé sa candidature à un quatrième mandat. Une décision aussi stratégique que controversée.
« Je suis candidat parce que je veux que notre chère Côte d’Ivoire continue de demeurer un pays prospère, en paix et en sécurité », a-t-il déclaré. À 83 ans, Ouattara s’appuie sur la Constitution révisée de 2016 et sur sa « bonne santé » pour légitimer cette nouvelle ambition. Mais au-delà de la légalité formelle, c’est surtout l’argument de la stabilité régionale et de l’expérience qui prévaut. « Face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent, la Côte d’Ivoire a besoin d’un leadership éprouvé », martèle le président.
Depuis plusieurs mois, les appels à sa candidature s’étaient intensifiés. Partout dans le pays, les cadres du RHDP, son parti, ont orchestré meetings et motions de soutien, jusqu’à adopter, fin juin, une résolution le désignant officiellement candidat. Pour ses partisans, Ouattara reste « le champion du développement ivoirien », figure de la continuité face aux incertitudes politiques.
Une élection sous surveillance
Mais cette candidature n’est pas sans susciter des remous. L’opposition, qui avait déjà contesté la validité de son troisième mandat en 2020, pourrait de nouveau dénoncer une dérive constitutionnelle. En 2020, le retrait du président initialement annoncé avait été balayé par le décès inattendu de son dauphin Amadou Gon Coulibaly, justifiant son retour par un « cas de force majeure ». Une volte-face qui avait déclenché une crise institutionnelle, l’émergence d’un Conseil national de transition dirigé par Henri Konan Bédié, et une vague de violences ayant causé officiellement 87 morts et près de 500 blessés.
Cette année, l’échiquier politique est tout aussi complexe. Plusieurs figures de l’opposition – dont Simone Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan ou Jean-Louis Billon – se préparent à entrer dans la course, à condition d’obtenir les parrainages requis. En revanche, deux poids lourds sont écartés : Tidjane Thiam, actuel président du PDCI, et l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo, tous deux exclus des listes électorales. Leur bataille juridique pour leur réinscription promet d’ajouter une tension supplémentaire à une campagne déjà chargée.
Enjeux et incertitudes
Le dépôt des candidatures court jusqu’à fin août, pour un premier tour fixé au 25 octobre. Avec une opposition fragmentée, un appareil d’État solidement arrimé au RHDP et un chef de l’État en campagne, la Côte d’Ivoire entre dans une nouvelle séquence politique décisive. Reste à savoir si l’expérience d’Alassane Ouattara suffira à contenir les crispations, ou si ce quatrième mandat se heurtera, comme le précédent, à un vent de contestation.
Discussion about this post