En décidant d’arrêter le jeune citoyen libanais Nazih Marwan Al-Azzi pour des actes portant atteinte aux relations diplomatiques avec le Gabon, les autorités de Beyrouth viennent, sans le dire, d’adresser une véritable leçon de souveraineté à plusieurs chancelleries occidentales. En tête de ces puissances interpellées par ce geste audacieux : la France. Explications
Cette arrestation,inédite dans la coopération entre deux États, montre que lorsqu’il s’agit de protéger ses intérêts nationaux et de respecter ses partenaires, un pays souverain sait se montrer ferme, y compris vis-à-vis de ses propres ressortissants. À l’inverse, Paris continue de fermer les yeux sur les agissements de plusieurs activistes installés sur son sol, qui passent leur temps à insulter, diffamer, menacer et vilipender les autorités gabonaises sans jamais être inquiétés.
Parmi eux, des noms désormais bien connus du grand public gabonais : Jonas Moulenda, Thibaut Adjatys, la “Princesse de Souba”, Mister Phénix, Bernard Rekoula, et quelques autres. Tous sont devenus, à travers les réseaux sociaux, les figures d’une opposition radicale, parfois violente, sans filtre, dont les dérives dépassent largement le cadre de la critique politique.
Entre statut d’exilé et impunité numérique
Certains bénéficient du statut de réfugié politique, d’autres vivent simplement en exil ou en situation irrégulière, et tous semblent profiter d’une complaisance systématique des autorités françaises. Pourtant, la loi française interdit formellement la diffamation, l’incitation à la haine, les appels à la sédition, ou encore l’atteinte à la réputation d’un chef d’État étranger. Alors pourquoi ce un poids, deux mesures ? Pourquoi ce silence complice de la République française ?
La réponse pourrait bien être politique et économique.
Les réformes d’Oligui Nguema, un caillou dans la chaussure de Paris ?
Le Président Brice Clotaire Oligui Nguema n’a jamais caché son ambition : remettre le Gabon sur ses rails, restaurer la souveraineté économique du pays, notamment dans le secteur stratégique des mines. Sa volonté de transformer localement 100 % du manganèse à partir de 2029 ne passe pas inaperçue. Elle dérange. Et pas seulement à Libreville.
La France, historiquement influente dans l’économie extractive gabonaise, n’apprécie guère cette inflexion souverainiste, perçue comme une remise en cause de son influence traditionnelle. De là à penser que certains activistes seraient tolérés — voire encouragés — dans leur agitation numérique pour maintenir une pression constante sur les autorités gabonaises, il n’y a qu’un pas.
Le rôle trouble des plaintes et des Bongo-Valentin
À cette stratégie s’ajoute une autre manœuvre plus feutrée, mais tout aussi inquiétante : les plaintes déposées en France contre le Président Oligui Nguema, par des proches de l’ancien régime ou des réseaux intéressés à son affaiblissement. Certains y voient la main d’une élite parisienne encore liée aux intérêts des Bongo-Valentin, tentant de conserver des leviers de chantage sur le nouveau pouvoir de la transition gabonaise.
Une méthode bien connue, souvent utilisée par Paris pour “tenir” les chefs d’État africains trop audacieux ou trop indépendants. Ce que l’on n’obtient plus par la diplomatie, on le gagne par le harcèlement judiciaire ou la manipulation de l’opinion publique via des figures controversées, agissant depuis l’étranger.
Une réponse gabonaise en gestation ?
Mais Libreville pourrait ne plus se contenter de subir. Car si le Liban a osé arrêter un citoyen pour préserver sa relation avec le Gabon, le Gabon pourrait à son tour adopter une doctrine de réciprocité. Pourquoi ne pas accueillir sur son sol des activistes radicaux hostiles à la politique étrangère de la France ? À titre d’exemple, Kémi Séba, figure panafricaine connue pour ses discours virulents contre le franc CFA et la Françafrique, s’est vu refuser l’entrée au Gabon récemment. Une décision qui pourrait bien être revue si la pression française continue.
Plus encore, certains responsables envisagent des restrictions sur certains réseaux sociaux si ces plateformes deviennent des zones de non-droit et d’attaques permanentes contre l’État. L’idée n’est plus taboue.
Vers une coopération ou un bras de fer ?
Si Jonas Moulenda, Thibaut Adjatys, Princesse de Souba, Mister Phénix, Bernard Rekoula, et consorts sont citoyens français, alors la France doit assumer la responsabilité de leurs actes et les poursuivre sur son territoire, comme ce fut le cas pour Nazih au Liban. Si ce sont des ressortissants gabonais, alors ils doivent être extradés vers leur pays d’origine pour y répondre de leurs actes.
Dans le cas contraire, la question d’une complicité tacite de l’État français avec leurs activités subversives se poserait clairement. Et les autorités gabonaises pourraient en tirer toutes les conséquences diplomatiques.
Car une chose est sûre : la patience de Libreville a des limites. L’exemple libanais vient de démontrer qu’il est possible de protéger la souveraineté d’un État sans renier la liberté d’expression. Le Gabon n’a plus à s’excuser d’être fort. Et si un accord bilatéral avec la France devait inclure l’extradition de certains de ces activistes, cela n’étonnerait personne.
L’époque du silence est révolue.
Internet ne sera plus un champ de mines sans responsabilité.
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