Le dimanche 31 août 2025, la petite ville de Tchibanga, capitale de la Nyanga, a été le théâtre d’une double séquence à forte valeur symbolique. D’un côté, le recueillement et la prière. De l’autre, le concret d’un chantier appelé à transformer le visage de la province. Une manière pour Brice Clotaire Oligui Nguema d’incarner, deux ans après la “Libération”, un leadership à la fois spirituel, mémoriel et pragmatique.
La foi comme boussole politique
Aux côtés de son épouse, la Première Dame Zita Oligui Nguema, et entouré des membres du gouvernement ainsi que de son cabinet, le Chef de l’État a pris part à une messe solennelle célébrée en la paroisse Saint-Joseph de Tchibanga.
Dans un climat de ferveur, le président s’est recueilli avec la communauté chrétienne de la Nyanga. L’instant n’était pas seulement religieux. Il fut aussi un acte politique de gratitude et de communion. Gratitude envers le “Tout-Puissant” – à qui Oligui Nguema a rendu grâce pour la paix et la sagesse dans la gestion du pays. Communion avec les fidèles, comme pour rappeler que la Libération du 30 août 2023, désormais élevée au rang de fête nationale, s’inscrit aussi dans une dimension spirituelle de justice retrouvée et de réconciliation.
Une mémoire vivante
Depuis deux ans, la “Journée nationale de la Libération” est célébrée comme un repère fondateur de la Ve République gabonaise. Après Libreville en 2024, Tchibanga a accueilli l’édition 2025. Le choix d’une commémoration tournante, selon la Première Dame, vise à “donner à chaque région l’espace d’exprimer sa mémoire et sa dignité”.
En participant à l’office religieux local, Oligui Nguema a inscrit ce moment dans une dynamique d’ancrage territorial. Loin d’une simple commémoration officielle, il s’agit d’une volonté de rapprocher le pouvoir central des provinces, de faire de la mémoire nationale un bien partagé, et non un rituel réservé à la capitale.
Le pragmatisme du bâtisseur
Après les chants liturgiques et les homélies, place aux réalités de terrain. Le Président s’est rendu sur le site du chantier de la future cité administrative de Tchibanga, projet phare destiné à moderniser les infrastructures de la région. Trente villas y sont prévues pour loger les cadres et fonctionnaires affectés dans la province.
En inspectant personnellement l’avancée des travaux, Oligui Nguema a voulu envoyer un signal clair : la Libération n’est pas qu’un moment de mémoire, c’est aussi une dynamique de reconstruction et de matérialisation des promesses. Dans un pays où l’État a longtemps été critiqué pour son absence dans l’arrière-pays, ce geste sonne comme une volonté de corriger une injustice historique : ramener les services publics et administratifs au plus près des citoyens.
Entre symbole et gouvernance
Foi, mémoire, action. À Tchibanga, le Président gabonais a tenté une synthèse : montrer que le projet politique né le 30 août 2023 s’ancre autant dans le spirituel que dans le concret. La messe solennelle a offert l’image d’un Chef d’État humble, reconnaissant sa force à une transcendance. La visite de chantier a, elle, dessiné le portrait d’un bâtisseur soucieux de crédibilité et de résultats.
Pour Oligui Nguema, l’équation est claire : la consolidation de son pouvoir passe par une double légitimité – celle de l’Histoire, incarnée par la Libération, et celle de l’action, mesurable dans la vie quotidienne des Gabonais.
Deux ans après avoir pris les rênes du pays, le pari reste exigeant : tenir ensemble mémoire et avenir, promesses et résultats, sacré et profane. À Tchibanga, le Chef de l’État a montré qu’il entend jouer cette partition.
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