Alors que les opérations de déguerpissement dans les quartiers de Plaine-Orety et de la zone située derrière l’Assemblée nationale continuent de susciter débats et contestations, le gouvernement gabonais a choisi de briser le silence, preuves à l’appui. Lors d’un point presse consécutif à une réunion stratégique tenue au Palais présidentiel, le ministre de l’Habitat a tenu à clarifier la situation : des indemnisations ont bel et bien été versées aux premiers occupants, dans les règles de l’art.
Des documents officiels à l’appui
« Ce sont des listes qui prouvent que les premiers occupants ont été indemnisés », a déclaré le ministre, documents en main. Procès-verbaux de remise de chèque, commandements de quitter les lieux, et signatures en bonne et due forme : autant d’éléments que l’État met aujourd’hui en lumière pour contrer les accusations de déguerpissement sauvage ou arbitraire.
Une centaine de ménages figure dans ce premier lot d’indemnisations. Parmi les noms cités, Mme Delphine, qui aurait perçu 18,2 millions de francs CFA, ou encore M. Obiang Gilbert, dont l’indemnité s’élève à 4,685 millions de francs CFA.
Une opération conduite en 2009
Selon le ministre, l’opération remonte à 2009, sous l’égide du cabinet maître Benga, chargé de superviser la procédure. Les procès-verbaux datent du 17 septembre 2009, tandis que les préavis de libération des lieux s’étendaient jusqu’à 2010. « Malheureusement, certaines personnes choisissent aujourd’hui de nier cette réalité. Beaucoup font dans la mauvaise foi », a-t-il martelé, visiblement agacé par les critiques récurrentes dans l’opinion.
Une réponse à la polémique
Le membre du gouvernement a également tenu à dénoncer les tentatives de manipulation de l’opinion, affirmant que « les preuves sont là, elles sont palpables ». Cette prise de parole intervient dans un contexte de forte tension sociale, où les opérations de démolition ont été perçues par certains comme brutales et injustifiées.
En exposant ces éléments, l’État cherche à reprendre la main sur la narration, et à montrer que la légalité des procédures a été respectée — du moins pour les premières phases d’occupation.
L’État face à sa propre mémoire
Mais cette démonstration soulève aussi une autre question : si les indemnisations sont anciennes et documentées, pourquoi les occupations ont-elles perduré, voire été reconstruites ? La réponse est à chercher du côté de la faiblesse du contrôle post-indemnisation, mais aussi d’un vide urbanistique que les pouvoirs publics peinent à combler depuis des années.
En rendant publiques ces preuves, le gouvernement joue une carte essentielle pour dissuader les revendications futures et poser les jalons d’une politique urbaine plus encadrée. Mais il devra aussi démontrer, dans les prochaines semaines, sa capacité à accompagner socialement les nouvelles vagues de déplacés, bien au-delà des dossiers d’hier.
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