Dans la nuit du 15 au 16 juin, à 1h du matin, le président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema a effectué une deuxième visite surprise sur les sites ayant récemment fait l’objet de déguerpissements, notamment Plaine-Orety. Une sortie inattendue, mais fortement symbolique, qui tranche avec le silence feutré du discours politique habituel.
Sur place, seulement 56 personnes étaient présentes – 45 adultes et 11 enfants –, loin des chiffres avancés sur les réseaux sociaux ou par certains leaders d’opinion qui dénoncent un drame humanitaire à grande échelle.
Une vérité de terrain
Le président s’est entretenu directement avec les familles concernées, sans intermédiaire. Plusieurs d’entre elles ont reconnu ne pas disposer de titres de propriété, tout en exprimant leur compréhension face au projet d’utilité publique en cours. Loin de la colère ou de l’hostilité, c’est la lassitude et la dignité blessée qui dominaient les échanges.
« Nous savons que nous étions installés sur une zone de l’État. Mais ce qui nous fait mal, c’est la récupération politicienne de notre situation », a déclaré un père de famille, visiblement ému.
Une dénonciation des récupérations politiques
Les propos recueillis par le chef de l’État sont sans équivoque : les déguerpis dénoncent l’exploitation politique de leur sort. Certains s’en prennent ouvertement à des figures de l’opposition qui, selon eux, se contenteraient de faire des distributions de sardines et de packs d’eau tout en vivant dans « de grandes villas à Angondjé ».
« Si ces soi-disant humanistes pouvaient héberger un seul Gabonais chez eux, on ne serait plus là dehors », a lancé l’un des jeunes présents, dans un message adressé à ces “solidarités de façade”.
Une pédagogie de la transition
Pour Oligui Nguema, cette sortie nocturne s’inscrit dans la logique de proximité directe qu’il revendique depuis sa prise de pouvoir. Confronté aux critiques sur les opérations de démolition, le président semble vouloir réaffirmer sa méthode : écouter, constater, corriger si nécessaire – mais avancer.
Cette rencontre, informelle mais hautement politique, intervient alors que le gouvernement multiplie les actions d’accompagnement : internats réquisitionnés pour les candidats au bac impactés, appuis sociaux, et désormais, publication des preuves d’indemnisations antérieures.
Un message de fermeté tempérée
Le symbole est fort. En se déplaçant de nuit, sans caméra officielle, le chef de l’État a voulu casser la mise en scène habituelle des crises urbaines. Il envoie également un signal clair : les projets structurants de la transition ne s’arrêteront pas sous la pression émotionnelle ou politicienne, mais ils se feront avec un souci constant de justice et d’écoute.
En toile de fond, un double défi : reconstruire l’autorité de l’État dans la gestion du territoire, tout en protégeant la dignité des plus vulnérables. Une équation que Brice Clotaire Oligui Nguema entend bien résoudre, à sa manière.
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