
Alors que Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin ont publié, ce jeudi 3 juillet 2025, une déclaration retentissante accusant le président Brice Clotaire Oligui Nguema de « torture » et de « spoliation », plusieurs faits avérés, issus d’enquêtes judiciaires en cours, viennent sévèrement contredire cette version. Décryptage d’un contre-récit destiné à brouiller les lignes dans ce qui s’annonce comme l’un des plus grands scandales politico-financiers de l’histoire du Gabon.
Un récit de captivité contredit par la réalité
L’un des passages les plus troublants du communiqué familial évoque une séquestration d’Ali Bongo Ondimba dans une cellule du Palais présidentiel, assortie de traitements inhumains. Mais cette thèse se heurte à une série de faits matériels, publics et documentés.
Des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux montrent l’ancien président célébrant son anniversaire en avril dernier, entouré de proches, dans sa résidence de la Sablière – loin des allégations d’un homme retenu « en sous-sol ». Plus encore, entre septembre 2023 et avril 2025, Ali Bongo a reçu au moins trois chefs d’État africains en visite officielle, dont le président en exercice de l’Union africaine. Une séquestration en présence de témoins diplomatiques internationaux ? L’incohérence saute aux yeux.
Une stratégie de diversion face à des accusations accablantes
Pour les observateurs, cette sortie médiatique s’apparente à une manœuvre bien rodée : détourner l’attention de l’opinion publique – notamment internationale – des révélations judiciaires en cours au Gabon. Or, selon des sources proches de l’instruction, les juges disposent déjà de preuves accablantes.
À titre d’exemple, près de 266 milliards de FCFA auraient transité, en une décennie, sur un compte personnel attribué à Ali Bongo, sans aucune traçabilité institutionnelle. Ces flux financiers, décrits comme « hors cadre légal et budgétaire », soulèvent de nombreuses interrogations : d’où proviennent-ils ? Qui les a autorisés ? Et pourquoi ce silence durant des années ?
Des biens de luxe acquis via des rétrocommissions militaires ?
Les investigations s’intéressent également au patrimoine immobilier de Noureddin Bongo Valentin. Deux appartements de haut standing situés dans les quartiers les plus chers de Libreville font l’objet d’un examen attentif. Selon plusieurs sources judiciaires, ces biens auraient été acquis par le biais de rétrocommissions versées lors de contrats militaires surfacturés – notamment sur des équipements de sécurité commandés entre 2018 et 2022.
Dans ce contexte, parler de « spoliation » semble éloigné de la réalité : il s’agirait en fait d’une opération de recouvrement d’avoirs publics dissimulés, ordonnée par la justice gabonaise dans le strict respect des procédures légales.
Une affaire d’État à résonance internationale
L’affaire prend également une dimension géopolitique. D’après des informations concordantes, plusieurs navires battant pavillon gabonais sont aujourd’hui au centre d’un vaste système de trafic pétrolier offshore. Ces tankers, soupçonnés d’avoir exporté illégalement du brut gabonais, auraient bénéficié d’autorisations délivrées en toute opacité par l’ancien régime, en échange de commissions occultes.
Des documents saisis au sein de ministères et de sociétés-écrans permettraient de retracer les circuits de ces transactions, qui impliqueraient des entités basées à Dubaï, Singapour et Genève.
Quand la vérité judiciaire l’emporte sur la fiction politique
En définitive, la sortie de Sylvia et Noureddin Bongo apparaît comme une offensive politico-médiatique construite pour échapper à l’étau judiciaire. Mais les faits sont têtus. Et les magistrats gabonais, pour la première fois depuis plusieurs décennies, semblent déterminés à aller au bout.
Car ici, ce ne sont pas des adversaires politiques qui sont visés, mais des individus mis en cause pour leur rôle présumé dans une captation systémique des ressources de l’État. Le Gabon ne réclame pas vengeance, il réclame vérité, justice et réparation. La République a commencé à solder ses comptes. Et les écrans de fumée ne suffiront plus.
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