Le gouvernement de Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la modernisation du réseau routier national l’un des chantiers prioritaires de son septennat. Héritée de plusieurs décennies de retard, la question du bitumage des routes demeure un véritable défi pour l’économie et la cohésion sociale du pays. En effet, sur un linéaire total de 10 344 km de routes, près de 70 % (soit 7 572,5 km) ne sont toujours pas bitumés. Un constat alarmant, qui reflète les limites des politiques menées sous les régimes Bongo, incapables de répondre aux besoins d’un pays qui aspire à l’émergence.
Face à cette réalité, le ministre des Travaux publics, Edgard Moukoumbi, a affiché une ambition claire : réaliser 3 000 km de routes bitumées d’ici mai 2032, soit à la fin du mandat d’Oligui Nguema. Ce projet, s’il est concrétisé, permettrait de faire passer la part des routes bitumées de 30 % actuellement à environ 55 %. Concrètement, cela représenterait une progression de 29 % du réseau national en seulement sept ans. « L’objectif est ambitieux, mais il est atteignable si nous maintenons la volonté politique et la rigueur dans l’exécution », a souligné le ministre lors d’un entretien accordé à nos confrères de L’Union.
Pour mesurer l’ampleur du défi, il faut rappeler qu’entre 1960 et 2025, soit en 65 ans d’indépendance, le Gabon n’a construit que 2 700 km de routes bitumées. Une moyenne famélique de 41 km par an, très en deçà des besoins d’un pays riche en ressources naturelles et en croissance démographique. Le gouvernement Oligui veut rompre avec cette lenteur historique en imposant un rythme de 428 km par an, soit dix fois plus que ce qui a été accompli sous les précédents régimes. Cette accélération témoigne de la volonté de transformer durablement le pays et de rattraper un retard accumulé sur plusieurs décennies.
L’impact d’un tel programme dépasse le simple cadre des infrastructures. Le développement routier constitue un levier essentiel pour désenclaver les zones rurales, faciliter l’accès aux services sociaux de base (écoles, hôpitaux), réduire les coûts de transport et dynamiser l’économie nationale. Des routes modernes et praticables permettront aussi de renforcer l’intégration territoriale, de fluidifier les échanges commerciaux et de soutenir des secteurs stratégiques comme l’agriculture, le tourisme et l’exploitation minière. En ce sens, le projet routier du gouvernement s’inscrit dans une logique de transformation structurelle et de diversification de l’économie.
Cependant, la réussite d’un tel chantier repose sur plusieurs conditions : la mobilisation de financements conséquents, la transparence dans l’attribution et le suivi des marchés publics, ainsi que la lutte contre la corruption et les détournements qui ont longtemps plombé le secteur. À cela s’ajoute la nécessité d’une planification rigoureuse et d’un entretien régulier des infrastructures, afin d’éviter que les routes nouvellement construites ne se dégradent rapidement, comme ce fut souvent le cas par le passé.
L’ambition affichée par Edgard Moukoumbi et son équipe représente donc bien plus qu’une promesse politique : elle traduit la volonté de tourner définitivement la page d’un demi-siècle d’immobilisme. Si le gouvernement parvient à respecter son calendrier et à garantir la qualité des ouvrages, il marquera une rupture historique avec l’ère Bongo et posera les bases d’un développement durable.
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