Le chiffre donne le vertige : 266 milliards de francs CFA. C’est le montant qu’Ali Bongo Ondimba aurait perçu via des virements bancaires irréguliers sur son compte personnel entre 2012 et 2022, selon des sources judiciaires relayées par Radio France Internationale (RFI). Une somme astronomique qui relance les débats sur l’ampleur de la prédation économique opérée sous l’ancien régime.
L’enquête judiciaire en cours, menée depuis plusieurs mois par les autorités gabonaises, met à nu un système sophistiqué de détournements de fonds publics et de montages financiers opaques. Au cœur du dispositif : des rétrocommissions issues de contrats d’équipements militaires, ainsi que des transactions pétrolières illégales tolérées – voire organisées – par des membres de l’ancien pouvoir.
Biens de luxe et opérations occultes
Toujours selon RFI, plusieurs villas, appartements et propriétés de luxe – en France, au Maroc et ailleurs – auraient été acquis grâce à ces flux financiers illicites. Un patrimoine dissimulé, bâti sur le dos de l’État gabonais, en contradiction flagrante avec les principes de probité attendus d’un chef d’État.
Les enquêteurs s’intéressent également à une série d’opérations de vente de pétrole brut et d’autres ressources nationales, menées dans des circuits parallèles au marché officiel, sans traçabilité ni transparence, mais avec d’importants bénéfices captés à titre privé.
« Séquestré » à La Sablière ? La défense fragilisée
Alors que la défense d’Ali Bongo s’est récemment exprimée sur son « ostracisation » et sa « séquestration » supposée dans sa résidence de La Sablière, les autorités gabonaises balayent cet argument, vidéos à l’appui. Des images largement diffusées montrent en effet l’ancien président célébrant son anniversaire en famille, recevant des chefs d’État africains et s’entretenant avec des journalistes, notamment de Jeune Afrique ou France 24.
Vers un procès historique ?
Si l’affaire suit son cours, elle pourrait aboutir à l’un des procès les plus emblématiques de l’histoire contemporaine du Gabon, à la croisée des enjeux de justice, de vérité et de réparation. Pour de nombreux Gabonais, ces révélations confirment ce qu’ils soupçonnaient déjà : une République confisquée au profit d’un clan, et un pays saigné à blanc pendant plus d’une décennie.
Le dossier Bongo n’a pas encore livré tous ses secrets. Mais une chose est sûre : la lutte contre l’impunité, portée par le Président Oligui Nguema, entre désormais dans une phase décisive.
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