Nous assistons à une véritable pièce de théâtre judiciaire au tribunal de première instance de Libreville. Les magistrats gabonais semblent, une fois de plus et une fois de trop, briller par leur incohérence légendaire. Entre compétences douteuses et soupçons de magouilles, la justice gabonaise est très clairement sur le point de rater le train de la Transition. Les magistrats, dont l’un a été accusé ouvertement d’intimidation et d’association de malfaiteurs par Noël Mboumba, veulent distraire l’opinion avec des déclarations alambiquées qui frisent le ridicule. Qu’essaient-ils donc de prouver, et à qui ? Avec de tels agissements, peuvent-ils s’arroger le droit de donner des leçons à la presse ?
Faut-il rappeler au procureur général près la cour criminelle spécialisée qu’autant la justice est un pouvoir dans tout État démocratique, la presse l’est également ? Ce dernier semble l’avoir oublié, méprisant ouvertement la presse qu’il accuse de relayer n’importe quoi concernant le procès des BLA-boys. Pourtant, les audiences auxquelles nous avons assisté laissent franchement à désirer. Elles sont même médiocres. Car on comprend bien que l’opération anti-corruption Scorpion a été un instrument de règlement de comptes.
Le cadre normatif ? Aux oubliettes. On assiste à une partialité judiciaire évidente. Prenons Noël Mboumba, Patrichi Tanasa et BLA, tous trois accusés de recel. Résultat des courses ? Mboumba s’en tire avec deux mois ferme, tandis que Tanasa et BLA écopent de trois ans chacun. Cherchez l’erreur. Il semble que cette décision ait trouvé grâce aux yeux du procureur général, en dépit de l’évidence.
Et ce n’est pas tout. Le procès a été marqué par le non-respect flagrant des normes procédurales par l’Agence judiciaire de l’État et le ministère public, convaincus d’avoir la vérité absolue. Ni preuves tangibles, ni arguments solides, juste une aisance déconcertante à balayer d’un revers de main toute tentative de la défense d’apporter des éléments probants. Depuis le début, les dossiers sont vides, on a l’impression de faire face à une justice aux ordres.
La justice, dit-on, est là pour faire émerger la vérité. Encore faudrait-il que les parties prenantes apportent des preuves irréfutables. Dans ce procès, on a plutôt l’impression que les preuves sont secondaires, et que la vérité, elle, est une option.
Finalement, que recherche-t-on ? Que cherche à prouver ce tribunal de Libreville, et à qui ? À nous, simples observateurs, il semble que la justice gabonaise ait encore beaucoup à prouver, et la presse n’est pas prête de ranger son stylo.
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