Longtemps restée hors du faisceau des projecteurs, Huguette Yvonne Nyana-Ekoume, épouse Awori Onanga, s’impose aujourd’hui comme l’une des figures centrales de la vie institutionnelle gabonaise. Son accession à la présidence du Sénat marque un tournant politique majeur, autant par le symbole qu’elle incarne que par le parcours qui l’y a conduite.
Formée à l’École nationale d’administration (ENA) de Libreville, titulaire d’une maîtrise en droit public, option administration publique, obtenue à l’Université de Lomé, Inspecteur des finances, la nouvelle présidente du Sénat appartient à cette génération de hauts cadres façonnés par l’État, pour l’État. Une carrière construite dans la durée, à la force de la compétence et de la constance, loin des tribunes politiques et des stratégies d’exposition médiatique.
Son itinéraire professionnel parle pour elle. De l’Inspection générale des services du ministère de l’Économie au poste stratégique de Directeur général de l’Agence judiciaire de l’État, en passant par la Primature, la Caisse des pensions de l’État, le ministère du Budget ou encore la Vice-Primature chargée de la Planification, Huguette Nyana-Ekoume a occupé des fonctions clés au cœur de l’appareil administratif. Plus récemment, elle a assumé les responsabilités de Secrétaire générale au ministère de l’Économie et des Participations, puis au ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, dans un contexte de lutte contre la vie chère.
Cette trajectoire, discrète mais rigoureuse, tranche avec les profils habituellement propulsés à la tête des grandes institutions. Peu connue du grand public, elle ne provient ni des grandes dynasties politiques, ni des cercles traditionnels de pouvoir. Et c’est précisément ce qui fait la portée de sa nomination.
Autre fait hautement symbolique : elle est issue d’une province jusqu’ici absente des plus hautes marches de l’État. Pour la première fois, l’un de ses ressortissants accède à la présidence du Sénat. Une rupture historique qui donne corps à la promesse d’un rééquilibrage territorial longtemps attendu et souvent proclamé, mais rarement matérialisé.
Au-delà de la personne, c’est donc un message politique clair qui est envoyé. Celui d’un renouvellement possible des élites, d’une ouverture des institutions à des profils techniques, expérimentés, enracinés dans la réalité administrative du pays. Une volonté assumée de rompre avec la reproduction automatique des mêmes visages et des mêmes territoires au sommet de l’État.
Dans le contexte de la Ve République, cette désignation s’inscrit dans une dynamique plus large impulsée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema : restaurer la crédibilité des institutions, valoriser la compétence, et redonner du sens à la représentation nationale. À la tête du Sénat, Huguette Nyana-Ekoume incarne désormais cette ambition : celle d’une gouvernance plus inclusive, plus équilibrée, et davantage connectée à la diversité réelle du Gabon.































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