Le Conseil des ministres du 29 décembre 2025 a acté une évolution majeure dans l’architecture sécuritaire et économique du Gabon. Par l’adoption d’un projet d’ordonnance portant statut particulier des personnels des Douanes, le gouvernement consacre la reconnaissance pleine et entière de l’administration douanière comme corps paramilitaire, désormais intégré aux Forces de Sécurité de l’État.
Cette réforme, portée au plus haut niveau de l’exécutif, s’inscrit dans la volonté du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, de moderniser les leviers de souveraineté nationale, dans un contexte marqué par la lutte contre les trafics transfrontaliers, la sécurisation des recettes publiques et la restauration de l’autorité de l’État aux frontières.
Une mutation institutionnelle profonde
Loin d’un simple changement de statut, le texte adopté redéfinit en profondeur l’organisation et le fonctionnement de la Douane gabonaise. Il encadre désormais de manière stricte la hiérarchie, la discipline et les parcours professionnels, en fixant des règles précises en matière de formation, d’avancement et de sanctions.
La réforme clarifie également les conditions d’accès à la carrière douanière, les droits et obligations des agents, tout en renforçant leur protection sociale. L’objectif affiché est double : professionnaliser davantage le corps et restaurer une culture de rigueur et de responsabilité, conforme aux exigences d’un service de sécurité à part entière.
La Douane, au cœur de la souveraineté économique et sécuritaire
Placée sous l’autorité directe du président de la République, l’administration des Douanes dispose désormais d’une Direction générale dotée d’une autonomie administrative et financière accrue. Une configuration qui traduit l’importance stratégique accordée à cette institution dans le dispositif de l’État.
Ses missions fondamentales sont réaffirmées autour de trois axes majeurs :
• La mobilisation des recettes publiques, la Douane demeurant l’un des principaux pourvoyeurs des finances de l’État ;
• La protection de l’espace économique national, à travers la mise en œuvre effective de la politique douanière et fiscale ;
• La lutte contre la criminalité transfrontalière, incluant la fraude, la contrebande, les trafics illicites, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
À travers cette réforme, l’exécutif entend renforcer la capacité opérationnelle des Douanes face à des menaces de plus en plus sophistiquées, dans un environnement régional marqué par l’intensification des flux et des risques.
Une architecture modernisée et mieux coordonnée
Le nouveau dispositif prévoit une organisation structurée autour d’unités centrales, territoriales et spécialisées, favorisant une meilleure coordination avec les autres forces de Défense et de Sécurité. Cette architecture rénovée vise à garantir une traçabilité accrue des opérations, une circulation plus fluide de l’information et une efficacité renforcée sur l’ensemble du territoire national.
En érigeant la Douane en corps paramilitaire, le pouvoir exécutif affiche une ligne claire : sécuriser les frontières, protéger les ressources nationales et moderniser durablement l’administration fiscale.
Un signal politique fort
Au-delà de la réforme technique, cette décision illustre la méthode Oligui Nguema : s’attaquer aux failles structurelles de l’État en combinant autorité, réforme institutionnelle et exigence de résultats. En renforçant la Douane, le Chef de l’État consolide un maillon essentiel de la chaîne de souveraineté, au moment où le Gabon s’engage dans une nouvelle phase de son histoire institutionnelle.
Une réforme de fond, qui pourrait, à terme, redessiner les équilibres entre sécurité, gouvernance économique et efficacité administrative.































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