Le paysage politique gabonais est une fois de plus secoué par les dissensions internes au sein d’une plateforme d’opposition. Mais à y regarder de très près, c’est un non-événement, car les observateurs avertis de notre vie politique savent que ce n’est pas un fait inédit. Bien au contraire, les cas de ce genre sont légion. On serait tenté de se demander si l’opposition gabonaise n’est pas frappée d’un signe de malédiction. Et pour cause : depuis 2009, l’histoire semble se répéter.
Chaque tentative de regroupement des forces d’opposition finit par exploser au moment du choix du porte-étendard. Les égos prennent le pas sur la cohésion, et les ambitions individuelles priment sur la nécessité d’une stratégie concertée. Mais c’est un peu normal : sur quoi sont en réalité basées ces alliances contre nature ?
Sur rien de solide, pourrait-on répondre sèchement. On se met ensemble, politiquement parlant, sur la base d’un projet et d’un idéal, et non sur des tractations politiciennes de seconde zone. Pour ce qui est de l’opposition gabonaise, c’est l’option la plus détestable d’une alliance qui fait norme : les tractations politiciennes. Ces leaders sont souvent guidés par le besoin d’exister, la quête de popularité et la satisfaction des petits intérêts égoïstes et égocentriques. L’actuelle discorde au sein de Ensemble pour le Gabon met en lumière cette dynamique bien connue.
Oui, cette fois, c’est Ensemble pour le Gabon qui illustre une réalité bien connue : l’unité affichée en amont des échéances électorales s’effrite dès qu’il s’agit de désigner un candidat unique. En effet, le torchon brûle entre Alain-Claude Bilie-By-Nze et le Dr Iloko. Au cœur du problème : le choix du candidat. Apparemment, Alain-Claude Bilie-By-Nze veut absolument s’imposer sans consultation ou même primaire au sein de la plateforme. Chose que rejette formellement le Dr Iloko et dire qu’il n’a pas tort est un euphémisme. Pourquoi Alain-Claude Bilie-By-Nze ne pourrait-il pas soutenir le Dr Iloko, qui semble avoir les faveurs d’une partie de la plateforme ? Pourquoi faut-il que ce soit lui, et pas un autre, qui porte les couleurs du mouvement ?
Plutôt que de jouer la carte de la discussion interne et du compromis, Alain Claude Bilie-By-Nze s’est allié à d’autres figures de l’opposition, en l’occurrence, Pierre-Claver Maganga Moussavou, Albert Ondo Ossa et Ali Akbar Onanga, pour réclamer un report de l’élection. Une initiative qui, selon certains observateurs, n’a même pas été débattue au sein de la plateforme Ensemble pour le Gabon, révélant ainsi une pratique dénoncée par le passé : la politique du fait accompli.
Ce scénario met une fois de plus en évidence un mal profond de l’opposition gabonaise : l’incapacité à transcender les ambitions personnelles pour proposer une alternative crédible et structurée. Derrière les discours de rupture et de changement, certains leaders semblent davantage préoccupés par leur propre positionnement que par l’élaboration d’un projet politique cohérent pour le pays.
Le peuple gabonais, lui, observe cette cacophonie avec un mélange de lassitude et de scepticisme. Car au-delà des querelles d’égo et des calculs politiciens, c’est bien l’avenir du pays qui est en jeu. Et face à une majorité qui, malgré ses propres défis, parvient à maintenir une ligne stratégique, l’opposition donne une fois de plus l’image d’un bloc divisé, miné par ses contradictions internes.
À l’approche de l’échéance électorale, une question demeure : l’opposition gabonaise saura-t-elle, un jour, faire primer l’intérêt collectif sur les ambitions personnelles ? L’histoire récente ne donne pas encore de réponse positive.
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