En moins de deux ans, le Gabon s’est hissé au rang des nations africaines les plus respectées en matière de liberté de la presse. Une progression spectaculaire saluée par Reporters sans frontières (RSF), et dont le président Brice Clotaire Oligui Nguema fait désormais un marqueur fort de sa vision politique.
Ce mercredi, depuis sa page officielle, le chef de l’État a revendiqué ce « bond spectaculaire » dans le classement mondial de RSF, de la 94ᵉ position en 2023 à la 41ᵉ en 2025, comme le fruit d’une « détermination gouvernementale à instaurer un environnement médiatique plus ouvert, pluraliste et professionnel ». Pour Oligui Nguema, cette évolution n’est pas une statistique isolée, mais l’expression tangible d’un choix politique : faire de la liberté de la presse un outil de consolidation démocratique dans la Ve République naissante.
Une stratégie assumée de rupture
L’audience accordée mardi à Thibaut Bruttin, directeur général de RSF, illustre cette démarche. Accompagné d’une délégation en mission à Libreville, le responsable de l’ONG a échangé avec le président gabonais sur les défis structurels des médias : leur viabilité économique, le renforcement des politiques publiques en matière de communication, le partenariat envisagé avec la Haute Autorité de la Communication (HAC), ainsi que la formation et la protection des journalistes. Des sujets rarement placés au plus haut niveau de l’État, mais désormais centraux dans la gouvernance Oligui.
En mettant en avant ces axes, le chef de l’État cherche à dépasser la simple reconnaissance internationale. L’objectif est double : construire un espace médiatique professionnel et sécurisé, et faire du Gabon un exemple régional dans une sous-région souvent marquée par des restrictions en matière de liberté d’expression.
Une démocratie en construction
La communication présidentielle insiste : « Renforcer la presse, c’est renforcer la démocratie et servir dignement la nation. » Le ton, à la fois institutionnel et visionnaire, révèle l’ambition de replacer les médias au cœur du projet républicain. En affirmant que la liberté de la presse n’est pas une déclaration symbolique mais « une réalité avec des effets concrets », Oligui Nguema cherche à inscrire son action dans une dynamique de rupture avec les pratiques antérieures, où les relations entre pouvoir et médias restaient souvent marquées par la méfiance.
L’enjeu est aussi diplomatique. Dans un contexte où le Gabon aspire à jouer un rôle proéminent en Afrique centrale, l’image d’un pays garantissant les libertés fondamentales constitue un levier d’influence. En plaçant la liberté de la presse au cœur de son discours, Oligui Nguema s’impose comme l’un des rares dirigeants de la région à faire de cette thématique un axe central de sa gouvernance.
Vers un modèle gabonais ?
Le pari est audacieux : transformer une réussite statistique en un socle durable de gouvernance. Pour y parvenir, le chef de l’État devra accompagner les réformes annoncées d’investissements réels dans la structuration du secteur médiatique, tout en garantissant que l’ouverture politique se traduise dans les pratiques quotidiennes.
Mais déjà, le signal est fort. Le Gabon, longtemps perçu comme un pays aux libertés fragiles, ambitionne désormais de devenir un modèle en Afrique francophone. Et Brice Clotaire Oligui Nguema, en liant le destin de la presse à celui de la démocratie, fait de cette trajectoire l’une des vitrines internationales de son mandat.































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