Le 30 mai 2025, lors d’un Conseil des ministres présidé par le chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema, le Gabon a pris un virage décisif dans sa quête de souveraineté économique et alimentaire : à partir du 1er janvier 2027, les importations de poulets de chair seront totalement interdites. Cette décision, qualifiée d’historique, entend mettre fin à la dépendance alimentaire du pays et booster l’investissement local dans la filière avicole.
Redonner toute sa place à la production locale
Aujourd’hui encore, plus de 60 % du poulet consommé au Gabon est importé, principalement de l’étranger. Une situation qui, en plus de fragiliser la balance commerciale, expose le pays à des chocs extérieurs et freine l’émergence d’un tissu agricole autonome. En rompant avec cette logique, le président Oligui Nguema affirme sa volonté de relocaliser la production, dynamiser l’économie rurale et stimuler la création d’emplois dans les zones agricoles.
Le communiqué du Conseil souligne que cette mesure vise à « stimuler l’investissement agricole, réduire la dépendance alimentaire, renforcer la balance commerciale et contribuer à la baisse du chômage ». En somme, l’agriculture devient un levier central de la résilience nationale et de la lutte contre la vie chère.
Création d’une centrale d’achat publique : vers des prix maîtrisés
Pour accompagner cette réforme et éviter toute flambée des prix ou spéculation, une centrale d’achat nationale sera mise en place « dans les plus brefs délais ». Elle aura pour mission de :
• Approvisionner le marché en produits essentiels à des prix accessibles ;
• Constituer des stocks stratégiques pour parer aux éventuelles pénuries ;
• Assurer une distribution équitable des denrées sur l’ensemble du territoire.
Il s’agit d’un instrument stratégique pour encadrer les marchés, garantir un approvisionnement régulier, et redonner du souffle au pouvoir d’achat des ménages, durement affectés par une inflation persistante.
Un plan opérationnel attendu dans 45 jours
Pour donner corps à cette vision, le Président de la République a instruit les ministres de l’Économie et du Commerce de présenter un plan opérationnel détaillé d’ici 45 jours. L’objectif : organiser la montée en puissance de la production locale et préparer les éleveurs à répondre à la demande nationale d’ici l’échéance de 2027.
Ce plan devra inclure :
• Des incitations à l’investissement dans les filières avicoles ;
• Des dispositifs de formation pour les jeunes agripreneurs ;
• Des infrastructures de stockage, de transformation et de distribution ;
• Une stratégie d’inclusion des coopératives rurales et des PME agricoles.
Un modèle productif en construction
Cette interdiction des importations de poulets n’est pas un geste isolé. Elle s’inscrit dans une stratégie plus globale de relance productive et de substitution aux importations, amorcée avec d’autres réformes phares, comme l’interdiction de l’exportation du manganèse brut d’ici 2029.
Par cette politique volontariste, Oligui Nguema redéfinit le rôle de l’État dans l’économie : stratégique, protecteur et moteur de l’autosuffisance. Le Gabon se dote ainsi des outils pour reprendre le contrôle de son alimentation, de sa production et de sa souveraineté économique.
En interdisant l’importation du poulet d’ici deux ans, le Gabon tourne une page et en ouvre une nouvelle : celle d’un pays qui croit en ses agriculteurs, parie sur ses ressources locales, et fait le choix courageux de l’autonomie productive. Une décision forte, qui appelle désormais à la mobilisation de tous — pouvoirs publics, investisseurs, producteurs et citoyens — pour en garantir la réussite.
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